Au cours de l'été 2021, plusieurs enfants et moi,
nous sommes rassemblés autour d'un projet commun
Peu De Souvenirs De Tethys.

Ce projet est né du constat suivant :

Nous nous sommes aperçus que la transition de l'enfance à
l'adultat pouvait s'avérer difficile et pleine de censures.
Nous nous sommes aussi arrêté-e-s sur la notion de rite de
passage, et nous avons convenu que les rites pouvaient
empêcher la censure de l'imaginaire qui a lieu généralement
lors de la pré-adolescence.

En effet, en reliant plusieurs lectures, nous avons émis
l'hypothèse que la volonté de ne pas dépareiller au sein d'un
groupe, volonté propre aux pré-adolescents, provoquait un effacement de l'enfance et notamment de l'imaginaire enfantin.

Nous avons pu lire par ailleurs, que dans les sociétés où les rites de passages existent et survivent encore, le grand enfant marque effectivement la transition par une action. Il devient alors, par le rite, un adulte. Il n'efface pas ce qu'il était, il n'a pas honte de l'enfance qui l'a pétri, mais le rite modifie le regard que la société lui porte et l'invite à changer et à murir.

Dans notre société, il existe encore des survivances de rites de passage, mais ils sont endormis sous des couches d'habitudes, et nous ne les vivons plus en pleine conscience.

Les enfants et moi avons décidés de créer de toute pièce des actions qui auraient valeur symbolique de transition vers l'âge adulte.
En effet, chacun des enfants a réfléchi et créé un scénario de rite qui, parce que nous les avons vécus pleinement et profondément, ont généré de véritables moments de transition, un basculement volontaire vers le futur qu'iels incarnent.
Afin de matérialiser nos expériences, les enfants et moi avons filmé chacune de ces actions. Nous avons utilisé une caméra mécanique, 16 mm. Six courts films en pellicule sont ainsi nés du regard, de l'inventivité et des mains des enfants.

Chacun aura réalisé scénarios, costumes, sons, décors...

Ces deux semaines de résidence ont fait émerger un tout petit cosme (12 personnes en moyenne), qui s'est auto-géré durant les deux semaines entières.

Nous avons vécu dans une quasi autonomie, isolée dans une bibliothèque constamment baignée de soleil, et nous avons parlé autant que débroussaillé, ri et chanté, filmé et cousu, peint et tourné.

Ce quelque chose de magique que j'espérais est arrivé sans tarder, parce que les enfants ont en eux toute la puissance de la création et qu'il est beau de tenter de la leur faire exprimer.







Cette recherche et ce temps de transmission ont été rendus possibles et existent grâce aux Ateliers Médicis, car ce projet a eu lieu lors de la Résidence Transat.

J'ai été accueillie joyeusement par Romain, Boris, Ivana et Lucile, au sein du Centre de Loisirs des Francas du Gard, à Poulx.

Les films ont été développés à L'Abominable, laboratoire indépendant et formidable, basé à la Courneuve.

Un reportage sur la résidence est visible ici :
Les enfants du projet
Mayssane, Melvyn, Lony, Enora, Cécile, Lina, Luna,
Maïssa, Lison, Joyce, Ninon et Lilou.